La plus belle queue

 

 

 

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Pourquoi les animaux ont une queue

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il fut un temps où les animaux n'avaient pas de queue. Vous avez bien entendu : pas de queue. Ni le renard, ni l'âne, ni le lapin, ni le chien, ni les autres. Et cela les rendait fort tristes. La vache pensait qu'une queue lui serait bien utile pour chasser les mouches, et le cheval était bien de son avis. Quant au chien, il aurait bien aimé en avoir une pour montrer sa joie.

Imaginez la surprise de tout ce petit monde lorsqu'on leur annonça qu'une grande foire allait avoir lieu, et qu'on allait y vendre, devinez quoi, des queues !

Tout bas - Il faut que j'y sois les premier, pensa le renard.

Et il partit ventre à terre, courant plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Il arriva bon premier à la foire.

Des queues, il y en avait, oui, et de toutes sortes : des grandes, des minces, des courtes, des longues. Sans parler des queues en forme de feuilles, de pompon ou de ficelle, les queues lisses comme le verre ou aussi râpeuses que le bois.

C'était merveille de voir cela, et le renard eut tout loisir de choisir la plus rousse, la plus touffue, en un mot la plus belle.

Sur le chemin du retour, il rencontra le chien, qui loucha sur le panache roux.

Diable ! Voici une bien belle queue. Crois-tu qu'il en reste encore ?

Si fait, compère. Mais la plus belle est accrochée derrière moi, gloussa le renard.

Le chien courut à la foire et sa trouva, ma foi, une assez belle queue, pareille à un gros plumeau noir.

En retournant chez lui, il rencontra le chat, qui loucha sur le plumeau noir.

Diable ! Voici une bien belle queue. Crois-tu qu'il en reste encore ?

Si fait, compère. Mais la plus belle est accrochée derrière moi, claironna le chien.

Le chat couru à la foire et se trouva, ma foi, une assez belle queue, rayée comme le pelage du zèbre et qui ressemblait à un serpent soyeux.

Au retour, il rencontra le cheval, qui loucha sur le serpent soyeux.

Diable ! Voici une bien belle queue. Crois-tu qu'il en reste encore ?

Si fait, compère. Mais la plus belle est accrochée derrière moi, ricana le chat.

Le cheval courut à la foire et dut fouiller longtemps pour trouver, ma foi, une assez belle queue, toute de crins immenses, semblable à une grande barbe de maïs.

Il s'en allait chez lui quand il rencontra la vache, qui loucha sur sa longue barbe de maïs.

Diable ! Voici une bien belle queue. Crois-tu qu'il en reste encore ?

Plus beaucoup, commère. Et les dernières ne sont pas bien belles, soupira le cheval.

La vache courut donc à la foire. C'était vrai. Les plus belles queues étaient parties ! Elle fureta, fouina, et finit par dénicher une queue, un peu ridicule, ma foi, en forme de corde éfilochée. Bah ! Pour chasser les mouches, pensa-t-elle, c'était bigrement suffisant.

Tous les animaux défilèrent les uns apèrs les autres, et le tas de queues diminua, diminua. Enfin, beaucoup plus tard, arriva le cochon, encore essouflé de sa longue course, et bon dernier.

- Il n'y a plus de queue, pleurnichait-il, et je serai le seul à ne pas avoir l'arrière-train garni !

Mais si ! Il en restait une. Une misérable et ridicule petite queue en tire-bouchon. Croyez-vous qu'il en eût du chagrin ? Point du tout. Il se l'attacha sur le champ et s'en retourna chez lui, fier comme un pape.

C'est ainsi que les animaux ont trouvé leur queue. C'est ainsi et pas autrement. Chat, chien ou cheval, n'essayez pas de la leur tirer, elle est solidement attachée.

 

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